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Vue du château et des jardins de Versailles, prise de l’avenue de Paris, par Pierre Patel

L’œuvre

Cette toile de Pierre Patel, que l’on date de 1668, représente une vue cavalière du château de Versailles tel qu’il était à cette date, c’est-à-dire en grande partie tel que Louis XIII l’avait laissé, mais avec les premiers aménagements de Louis XIV.
Pourtant, le peintre a pris des libertés avec la topographie et les architectures, afin de livrer une vue d’un Versailles idéalisé et davantage abouti qu’il ne l’était en réalité à cette époque, dans le but de fournir une image de puissance du roi bâtisseur.

Pour revenir sur les étapes de la construction du château par des reconstitutions en maquettes 3D et en vidéo.


Pour en savoir plus, lire le commentaire de l’œuvre.

La composition

La composition est parfaitement équilibrée et maîtrisée : la représentation est centrée tant verticalement qu’horizontalement, le corps principal du château occupant le centre du tableau, lui-même divisé en trois bandes horizontales.
Ces bandes représentent l’esplanade au premier plan, le château et le jardin haut au second plan, et enfin le jardin bas et le ciel en arrière-plan.

Les trois avenues

Trois avenues, qui sont aujourd’hui l’avenue de Paris au centre, l’avenue de Sceaux à gauche et celle de Saint-Cloud à droite, mènent à une esplanade de terre battue correspondant à l’actuelle place d’Armes.
L’hémicycle au fond de la patte d’oie délimite un espace qui correspond dans ses grandes lignes à l’actuelle cour d’Honneur.
Sur la droite du tableau, on aperçoit le carrosse royal et sa suite s’apprêtant à entrer dans le château. La garde personnelle du roi le précède et le suit à cheval.

Le château

Jusqu’en 1675-1678, Louis XIV conserve la structure du château de son père, visible dans le tableau.
Les écuries et les cuisines précèdent le vieux château de Louis XIII, duquel ils étaient séparés par un fossé et un portique à colonnes, construits par Louis XIII mais supprimés par son successeur.

La grotte de Téthys

La Grotte de Téthys, construite en 1664 ou 1665, a été détruite en 1684, lors de la construction de la Chapelle royale et de l’aile Nord.
La grotte était ornée de rocailles, de jeux d’eau, de miroirs, de coquillages, de cailloux polychromes, de cristaux de roche, et même d’un orgue hydraulique. En avant de ce palais de Téthys et Phébus, surgissaient du sol des jets d’eau.

Pour voir une restitution en 3D de la grotte de Téthys : http://www.versailles3d.com/fr/

Les réservoirs d’eau

Les trois grands bassins rectangulaires que l’on voit ici sont les réservoirs d’eau qui alimentaient les premières fontaines des jardins de Versailles.

Les hotels particuliers et la vieille ville

Six petits pavillons sont répartis de part et d’autre de l’avant-cour, actuelle place d’Armes. Ils reprennent précisément le style du château de Louis XIII et des deux ailes de communs et d’écuries construites par Louis XIV.
Ces pavillons semblent correspondre à des constructions postérieures à la réalisation de la toile : les hôtels particuliers sont construits à partir de 1671 selon un plan unique ordonné par Louis XIV.
En effet, à l’époque de la réalisation de la toile, la ville de Versailles n’est pas encore bâtie. Elle est plutôt un modeste village, symbolisé par l’église Saint-Julien à gauche.

Les prémices des jardins de Louis XIV

Les jardins ne sont plus exactement ceux de Louis XIII, mais pas non plus ceux que l’on peut admirer aujourd’hui.
Patel a illustré des projets entrepris sous Louis XIII et amplifiés par son fils : l’allée centrale qui deviendra l’allée Royale, un bassin qui sera celui d’Apollon ou encore les deux longues allées parallèles à l’allée centrale qui desserviront les futurs bassins des Saisons.
Il a également représenté le parterre nord et le futur bassin de Latone.

Le Grand Canal

Au bout de cette perspective de dix kilomètres de long se déploie l’ancien Grand Canal, ne comportant pas encore ses longues branches.
Le peintre a représenté quelques bateaux sur le Canal, alors que les premiers navires mouillés au Grand Canal étaient au nombre de neuf et ont été mis à l’eau seulement au printemps 1669.

Les reliefs de l’arrière-plan

Les collines de l’arrière-plan ne correspondent en rien à la réalité du lieu, très plat. Elles sont représentées ici pour prouver que Louis XIV a les moyens d’abattre des montagnes, de creuser des canaux là où Dieu lui-même n’avait prévu que des marécages.