Constat et enjeux

Retour sur 10 ans de e-formation

Comme le rappelle l’édition 2021 du cadre d’usage de la formation professionnelle, qui définit la formation hybride comme "une formation articulant de façon cohérente les modalités en présentiel, en situation de travail et / ou en distanciel", les possibilités offertes par le numérique ont rendu nécessaires le renouvellement des pratiques de formation.

Mis à jour le jeudi 6 avril 2023

S’appuyer sur la formation en ligne pour développer une dynamique d’hybridation de l’offre de formation constituait l’action prioritaire n°4 duschéma directeur 2021-2023.

Retour sur plus de dix ans d’hybridation des formations dans l’académie

Qu’en est-il dans l’académie de Versailles ?
Quelles actions ont été mises en place depuis 2008 dans l’académie ?
Quels ont été les leviers de diffusion de ces nouvelles pratiques ?

Nous vous proposons de revenir sur les temps forts de plus de 10 ans de pratiques académiques au travers d’une série d’articles retraçant toutes les actions mises en place.
Dans le premier article de la série, nous allons commencer par formuler quelques constats issus des événements récents.

Constat : le premier confinement de 2020 a agi comme un révélateur

Le 17 mars 2020, en raison de l’épidémie de COVID-19, un premier confinement place l’ensemble des enseignants de France dans une situation inédite : la continuité pédagogique devra être assurée exclusivement à distance, via les outils numériques.
Si l’investissement de tous les enseignants a été salué comme particulièrement exemplaire, les difficultés rencontrées ont été nombreuses.
En mai 2020, dans un rapport prenant appui sur les résultats de l’enquête TALIS, l’OCDE a interrogé le degré de préparation des enseignants face à la crise du COVID-19.
Selon ce rapport, seuls 45 % des enseignants du secondaire français se sont déclarés aptes à enseigner avec le numérique contre 67 % pour la moyenne de l’OCDE, ce qui place la France dans les 3 derniers pays sondés.
L’OCDE recommande ainsi de former davantage les enseignants aux usages pédagogiques du numérique et encourage le travail collaboratif entre enseignants.
Sur le terrain, le confinement brutal et la nécessité d’assurer la continuité pédagogique à distance ont en effet agi comme un révélateur :

  • du faible recours au travail collaboratif à distance entre enseignants, entre formateurs et plus généralement entre personnels,
  • de l’absence de maîtrise des outils associés (plateforme de formation, classe virtuelle, outils sécurisés),
  • de la méconnaissance des enjeux du e-learning et des démarches pédagogiques associées,
  • du recours massif à des outils privés, non respectueux du RGPD, par méconnaissance des ressources existantes et des processus académiques d’aide et d’accompagnement mis en place pour faciliter leur utilisation.
Rapport OCDE

Les premiers résultats d’une recherche interdisciplinaire menée à Aix Marseille Université portant sur les élèves et les enseignants du 1er et du 2nd degrés montrent également que «  l’usage du numérique en classe était majoritairement consacré à la diffusion de supports (67 %) et non pas réellement à l’enseignement à distance ». Si certains enseignants se sont montrés créatifs, cette première publication pointe le besoin de formation et d’accompagnement des enseignants au numérique éducatif dans sa dimension pédagogique et didactique afin d’imaginer une nouvelle forme scolaire.
C’est d’ailleurs dans le même sens que la page consacrée à la formation des enseignants a été rédigée, dans le cadre de la consultation nationale préparatoire aux Etats Généraux du Numérique.

Chiffres clés

D’après l’enquête internationale TALIS France 2018 (OCDE) (PDF, 561 ko, en anglais) :

  • 36 % des professeurs français permettent à leurs élèves d’utiliser les nouvelles technologies pour réaliser leurs travaux scolaires. C’est la plus faible proportion parmi les pays de l’OCDE concernés par l’étude, où la moyenne s’élève à 53 %.   
  • 51 % des professeurs français interrogés indiquaient avoir été formés à l’usage des nouvelles technologies pendant leur formation initiale et seuls 29 % se sentaient préparés et compétents pour utiliser ces dernières pour enseigner.   
  • 23 % des professeurs interrogés indiquaient avoir un fort besoin de formation sur ce thème (contre  18 % en moyenne dans les autres pays).  

Hybridation des formations : quels enjeux  ?

Les enquêtes internationales (TALIS, voir "Chiffres clés") montrent dans la durée le fort besoin de formation des enseignants français dans le domaine de l’utilisation pédagogique du numérique tant dans la formation initiale que dans la formation continue. Le confinement et l’enjeu de l’enseignement à distance, qui mobilisent toutes sortes de services numériques, ont fortement amplifié ce besoin de formation. 

Les réseaux de personnes ressources et de formateurs en matière de numérique (délégation académique au numérique éducatif, référents numériques, enseignants référents aux usages du numérique (ERUN) dans le premier degré, etc.) ont ainsi accompagné et formé les enseignants en mobilisant de nombreuses modalités à distance, telles que les classes virtuelles, les webinaires, des réunions d’échange et de formation entre pairs («  TechMeet  »), des parcours de formation dans des formats et des temporalités revisitées (formats courts, rendez-vous de formation réguliers, mais aussi formats plus longs, comme les parcours M@gistère).  Les agents mobilisés pour assurer la continuité administrative ont également bénéficié d’accompagnement, de formation, de tutoriels, d’assistance de la part des DSI (directions des systèmes d’information) en particulier. 

Alors que jusqu’en 2020, malgré l’investissement répété de tous les acteurs du terrain, l’académie était parvenue à toucher au mieux 17 % des effectifs, le deuxième confinement de 2020-2021 a été la cause d’une hausse sans précédent à tous les niveaux, en raison du très grand nombre de formations transposées à distance.
Afin de conserver cette évolution ascendante et pour impulser une dynamique positive sur les usages numériques des enseignants, une nouvelle approche stratégique sur la formation en général, et les modalités de formation en particulier, apparaît donc nécessaire. La taille de l’académie de Versailles avec son million d’élèves et son rôle-clef dans la formation des entrants dans le métier constituent certains des enjeux pour lesquels la DANE, la DAFOR et les corps d’inspection doivent continuer à œuvrer autour d’une culture académique commune.

Pourcentage des personnes formées sur m@gistère de 2019 à 2021
Pourcentage des personnes formées sur m@gistère

Ce tableau fournit le pourcentage des personnes formées sur m@gistère dans l’académie de Versailles en 2019-20 et 2020-21.

Statistiques m@gistère
Source  : Méta-administration de m@gistère
Statistiques issues de la méta-administration de m@gistère

Pourquoi investir dans la e-formation ?

La formation hybride  :

  • est un levier pour permettre à tous les personnels d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires à l’exercice de leur mission en variant les modalités de formation pour les rendre plus efficientes en fonction des objectifs visés, en encourageant la mise en œuvre de scénarios de formation engageants, en responsabilisant les stagiaires qui deviennent acteurs de leur apprentissage  ;
  • concourt à la professionnalisation des formateurs en ouvrant de nouveaux champs d’acquisition de compétences pour former avec le numérique, en impulsant une réflexion autour de la posture du formateur et son lien avec les stagiaires, en renforçant la scénarisation des dispositifs de formation qui deviennent plus explicites.

L’objectif de cet investissement dans la e-formation serait de faire de l’académie de Versailles, puis de la région académique Île-de-France, la première académie à assurer 50 % de ses formations via des dispositifs hybrides scénarisés car ce sont les formations les plus efficientes à long terme pour les apprenants, avec un engagement individuel et collectif valorisé et reconnu par un système d’Open Badges.

Rétrospective

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Article rédigé par Anne-Cecile Franc, David Latouche, Christine Fiasson